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La vie municipale de 1850 à 1914
Des édiles communaux
Pendant de longues années, la commune est administrée par des « propriétaires », ce qui est bien normal, puisque les principales questions sont relatives au territoire forestier ou agricole, et que le principal impôt est la contribution foncière.
On voit se succéder comme maires Victor Voirand (1850-1859), Mansuy Galliot (1859-1866), Joseph Nicolas Hanus (1867-1871), Charles Vitrey (1871-1875), Oscar Voirand (1875-1878), qui font face à des difficultés de plus en plus grandes, liées aux débuts de l’industrialisation, puis à la guerre de 1870. Pierre Dévot (1878-1884), simple tisserand originaire du pays de Sarrebourg, pratique une politique plus dynamique en aménageant le nouveau cimetière, qui remplace en 1884 celui qui entourait l’église et en faisant construire une école de filles, avec une classe de maternelle: ce bâtiment, terminé en 1880, abrite aujourd'hui la mairie. Sous son mandat, qui coïncide avec l’arrivée d’un nouveau curé au caractère abrupt et énergique, Emile Dupal (1875-1906), la tension devient très vive entre la municipalité et la paroisse. aux relations tumultueuses avec l'église...
On fait appel pour l’école de filles à des institutrices laïques, alors que des religieuses auraient coûté moins cher ; on se chamaille à propos de la sonnerie des cloches, que le curé
retire à l’instituteur et pour laquelle la municipalité supprime ses crédits ; le conseil municipal invoque la pauvreté de la commune pour retarder la réparation du plafond de l’église, qui menace ruine, au point qu’en 1884, l’évêque prend la décision de fermer au culte ce bâtiment. Cette crise a pour conséquence l’échec de Pierre Dévot aux élections de 1884. Ses successeurs pratiquent une politique plus favorable à l’église et au patronat, qui considère que la pratique religieuse est de nature à modérer les revendications sociales. Charles Vitrey (1884-1892) établit de bons rapports avec les sociétés minières et consacre beaucoup de crédits aux fontaines et à la voirie. Ces relations deviennent encore meilleures lorsqu’on élit comme maire en 1892 Eugène Defrance, qui est employé de bureau à la mine Reinbach. Mais il meurt subitement en 1895. |
...et avec la population.
Son successeur William Rousseaux (1895-1904) est lui aussi d’opinion modérée, mais il se heurte, sur la question de l’adduction d’eau aux habitants du bas du village, à l’hostilité de la commune de Neuves-Maisons, soutenue vigoureusement par l’usine sidérurgique de la Haute Moselle, dont la capacité s’accroît sans cesse.
C’est sous son mandat que l’on ouvre près de l’ancienne mairie une nouvelle classe de garçons, que Defrance avait refusée en affirmant que les femmes des mineurs, qui n’avaient rien à faire, pouvaient bien garder près d’elles plus longtemps leurs enfants, pour ne pas encombrer l’école ! Les tensions persistentLes élections de 1904 portent au pouvoir une équipe réellement nouvelle, de sensibilité plus « avancée », oùfigurent pour la première fois des mineurs arrivés de fraîche date au village. Le maire, Jean-Baptiste Aubert (1904-1914), reste un agriculteur, mais il a pour adjoint un mineur : Jean Mosnier, puis Pierre Vermoyal. Cette évolution coïncide à la fois avec l’effondrement de l’économie viticole, ruinée par la crise du phylloxéra, et avec l’organisation du mouvement ouvrier, qui se traduit par les grandes grèves de 1906 et l’occupation du village par la troupe. La querelle religieuse reprend de plus belle, à la suite de la loi de séparation de l’Église et de l’État et de l’inventaire de l’église, qui a lieu en 1906. Elle s’envenime au sujet du loyer que le curé doit désormais payer à la municipalité pour occuper le presbytère. L’évêque tente de calmer les esprits en nommant en 1906 un nouveau curé, l’abbé Paul Birkel ; mais ce dernier ne s’installe pas au presbytère, mais dans une maison qu’il louée en face de l’église. La tension n’est pas retombée en 1911 : alors que la commune n’a,pas encore pu faire poser l’électricité dans les écoles et les autres bâtiments communaux, le curé a pris tout le monde de vitesse en faisant installer l’électricité à l’église. Le conseil furieux demande au maire de poursuivre l’abbé devant la justice pour l’avoir fait sans autorisation et en violant les sépultures du cimetière désaffecté entourant l’église ! La guerre de 1914-1918, avec ses drames épouvantables, suscitera un sursaut d’unité et fera taire ces petites querelles de clocher dont était faite la vie locale au XIXe siècle. Jean-Claude Bonnefont |