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Chavigny au début du XIXè siècle


Une stabilisation démographique

Les premières années du XIXe siècle sont, pourle village de Chavigny, une période de stabilisation démographique après la vigoureuse expansion du siècle précédent. La population augmente à un rythme plus modéré, en raison de la chute rapide du nombre moyen d’enfants par foyer. On limite les naissances pour ne pas disperser lors de l’héritage les quelques biens que l’on a pu acquérir, et pour
assurer aux enfants une vie plus heureuse et une meilleure éducation. Cette réduction rapide de la natalité, qui se fait en l’espace d’une génération, coïncide avec un net recul de la mortalité. On meurt moins jeune, en raison des progrès de l’hygiène, du bien être et de la présence d’ « officiers de santé », installés à Neuves-Maisons ou à Pont-Saint-Vincent,
que l’on consulte en cas de maladie grave. La population vieillit donc, tout en restant très jeune par rapport à nos critères actuels.

Vers la classe des vignerons

On comprend que dans ces conditions, l’expansion spatiale du village soit aussi ralentie. On continue à construire quelques maisons, notamment au bord de la rue de Nancy, mais le plus souvent, on se contente d’aménager et de moderniser l’habitat existant : parfois, la maison trop vétuste est entièrement reconstruite, parfois elle est divisée entre deux héritiers, dans d’autres cas, on y ajoute des dépendances. Aucune ferme nouvelle ne se crée, car le nombre des « laboureurs », qu’on appelle désormais plutôt des « cultivateurs », n’augmente pas.
 Mais l’accroissement de la demande de vin a fait émerger une classe très nombreuse de « vignerons », qui acquièrent pièce par pièce les terres que leur vendent les grands
 
propriétaires d’autrefois, qui ont presque tous quitté le village, auquel ils ne s’intéressent plus. Parmi ces vignerons, quelques-uns sont en même temps des artisans, d’autres sont si pauvres qu’ils sont obligés de louer leurs bras à leurs voisins.
Mais, tous, y compris les arrivés de fraîche date, ont le ferme espoir, après une vie de dur labeur, de pouvoir s’intituler « propriétaires ». La maison type est donc la maison du vigneron : dépourvue de porte cochère, de vastes greniers, sa façade est plus étroite que celle du laboureur ; elle est construite sur cave, et possède en outre, dans les dépendances situées à l’arrière de l’habitation, un cellier qui est à demi enterré, lorsque la maison est adossée au versant.

Des us et coutumes maintenus

La Révolution a fait progresser le bien être, instauré de nouveaux rapports sociaux, mais elle n’a pas fondamentalement changé le mode de vie des habitants, qui restent fidèles aux traditions ancestrales. On continue
à rechercher un conjoint sur place ou dans les paroisses voisines, avec lesquelles les liens restent très étroits. C’est surtout vrai de Chavigny et Neuves-Maisons : les deux villages partagent le même desservant du culte, l’abbé Masson, curé de Neuves-Maisons ; beaucoup de terres du bas du village appartiennent à des propriétaires néodomiens ; mais les relations familiales sont également fréquentes avec Chaligny, Messein, Pont- Saint-Vincent, sans oublier Villers et Vandoeuvre.

Pas d'espace public

La vie politique est inexistante avant 1830. Le maire est nommé par le pouvoir parmi les notables du pays. A Charles Delporte (1800-1810), succède Jean-Nicolas Collin, un laboureur aisé, dont le principal mérite est d’avoir fait construire, en 1826, un bâtiment devant servir à la fois de mairie et d’école. Jusque là, les réunions municipales se tenaient au domicile du maire, et l’école se faisait, soit au domicile de l’instituteur, soit dans une maison louée par la municipalité. Ce bâtiment municipal, situé « rue des Écoles », a disparu ces années dernières lors des travaux de construction de la résidence du Châtel.
Jean-Claude Bonnefont