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Chavigny au milieu du XIXè siècle


Des institutions locales rénovées
 

Sous la Monarchie de Juillet, à partir de 1831, la vie municipale devient plus animée, car le conseil municipal est élu par les habitants les plus riches (environ une
quarantaine). Le maire et l'adjoint sont nommés par le préfet, qui ne peut les choisir que parmi les élus. Le nouveau maire n'est plus un cultivateur aisé, mais un artisan : Jean Nicolas Galliot, tout en étant vigneron, exerce le métier de maréchal ferrant. Sa fonction a un double aspect: il est l'élu de la population, qu'il représente, mais nommé par le préfet, il est aussi un fonctionnaire représentant de l'administration, dont les activités sont strictement encadrées; le conseil ne peut se réunir qu'au moment des sessions autorisées et dans l'intervalle, le maire doit à des dates fixes renseigner toutes sortes de documents demandés par la préfecture. Lorsque le suffrage universel est introduit dans les élections municipales, après la révolution de 1848, Jean Nicolas Galliot devient le premier maire de Chavigny directement élu par les habitants.
 

La révolution industrielle en marche


Un changement important se produit dans la vie du village, annonciateur de changements encore plus grands. Un maître de forges de la Meuse, Jean Léon Demimuid, demande à exploiter à Chavigny un haut fourneau alimenté par du minerai local du bois de Grande Fraize et fonctionnant au charbon de bois. Il en obtient l'autorisation malgré l'opposition du conseil municipal de Nancy, qui craint que cette concurrence ne fasse encore augmenter le prix du bois. En réalité, le bois est abondant dans le département de la Meurthe, car les salines, qui en consommaient beaucoup, utilisent maintenant le charbon de la Sarre. Établi à la Vieille Forge (sur le territoire actuel de Neuves-Maisons), le haut fourneau fonctionne avec une équipe restreinte d'ouvriers spécialistes, venus de Haute Marne et logés sur place. Le reste de la main d'oeuvre (bûcherons, charbonniers, voituriers) se répartit dans tout le département. La vie du village est tout de même changée, à partir de 1838, à cause du mouvement des lourds chariots qui transportent les matières premières: ils sont un danger redoutable, si les chevaux s'emballent dans la descente et ils labourent profondément les rues.

 

 

Une géographie religieuse revisitée

Le milieu du siècle est aussi l'époque de l'érection de Chavigny en "succursale", c'est-à-dire en paroisse à
part entière. Depuis le début du siècle, l'église était desservie par le curé de Neuves-Maisons, nommé Masson.
Les habitants se plaignaient beaucoup de cet état de choses. En 1845, un desservant est enfin nommé, pour lequel la municipalité doit aménager un presbytère: il s'agit de l'abbé Michel.

Du nouveau pour l'instruction publique

La maison d'école, qui a été créée en 1824, est très insuffisante; la salle de classe ne peut plus contenir les
70 élèves inscrits et l'instituteur est trop à l'étroit dans son petit logement. Il faut agrandir et moderniser. Favorable
au développement de l'instruction publique, le conseil vote avec plaisir les crédits pour des travaux qui  permettent d'aménager en 1835 une école plus spacieuse, plus lumineuse, plus aérée et mieux équipée.

Une population stationnaire

La population est stationnaire (467 habitants en 1842), mais cela ne veut pas dire stable. Les mariages se
font assez souvent au dehors et de plus en plus loin ; des familles s'en vont, d'autres s'installent ; les nouveaux
arrivants sont généralement pauvres, mais à l'instar de ceux qui sont là depuis longtemps, ils achètent de la terre,
ils acquièrent ou construisent des maisons. Le village s'étire le long de la route principale, où le plan d'alignement
de 1834-1844 fait disparaître les vieilles façades. La génération des "laboureurs" du début du siècle
s'éteint sans être complètement remplacée: vers 1850, il ne reste plus au village que trois authentiques cultivateurs:
Jean Joseph Voirand, Ambroise Jollain et Augustin Collin. Mais les vignerons sont plus nombreux que jamais,
et l'on se précipite pour louer chaque année l'adjudication du pressoir communal. On se dispute aussi
l'abattage du bois des affouages, la location des chasses, la confection des fossés, la réparation des chemins
communaux, la location des prés. L'artisanat se diversifie: aux aubergistes, au tonnelier, au charron et au maréchal
ferrant s'ajoutent des épiciers, des voituriers et des entrepreneurs de bâtiment.
Jean-Claude Bonnefont