Vous êtes ici :

Chavigny de 1947 à 1951

                             

Une municipalité instable et encore flottante...

Lors du premier tour des élections municipales, le 19 octobre 1947, 4 membres de l’ancien conseil municipal sont réélus : Marcel Lurot, Jean Poisot, Albert Musquin, Léon Oury, le cinquième élu étant Marcel Gauthier. Mais au deuxième tour, qui a lieu le 26 octobre, le renouvellement est très net : les deux seules élues de l’ancienne équipe sont les deux femmes, Lucienne Leclère Jacob et Olga Lurot, tandis que six membres nouveaux entrent au conseil : Raymond Mangenot, Léon Homehr, Raymond Héras, Fernand Morel, Théodore Lataye et Lucien Leclère. Lorsque le conseil se réunit pour la première fois, le 31 octobre 1947, il élit comme maire Marcel Gauthier et comme adjoint Raymond Héras. Mais, pour raison de santé, Marcel Gauthier doit donner sa démission et le 24 juin 1948, il est remplacé par Robert Héras ; Albert Musquin est alors élu premier adjoint.
Parallèlement, l’équipe des employés municipaux est restructurée et étoffée. Jusqu’ici, la police municipale était considérée comme la fonction prioritaire, puisque la commune employait deux gardes champêtres, Roger Christini et Jean Ayel; tout en gardant leurs fonctions, ils seront en outre chargés de l’entretien de la voirie, venant ainsi en renfort de l’unique canton-nier, Louis Matisse, qui s’occupera spécialement du cimetière, des fontaines et de l’enlèvement des ordures ménagères. Deux femmes de ménage, à temps partiel, et un électricien, René Mourot seront employés à l’occasion. Roger Daval reste momentanément à la tête d’un secrétariat de mairie, chargé du bureau de bienfaisance et de la gestion des tickets de rationnement. Mais il est loin de donner satisfaction, il s’entend mal avec la municipalité et il tombe malade au début de l’année 1950. Sa démission est acceptée le 15 avril 1950 et le 1er novembre 1950, on nomme Marcel Richard à ce poste, sur lequel son épouse, Andrée Solny, avait assuré, sans doute nominalement, l’intérim.
Un nouveau rebondissement intervient en 1951. A la suite des démissions du maire, de l’adjoint et d’un conseiller municipal, acceptées par la préfecture le 17 avril 1951, il est procédé à des élections complémentaires. Celles-ci aboutissent le 26 mai 1951 à l’élection d’un nouveau maire, Lucien Leclère. L’adjoint est Marcel Lurot. C’est le début d’une longue période de stabilité, puisque Lucien Leclère restera 16 ans à la tête de la commune, de 1951 à 1977.

L’achèvement des travaux d’adduction d’eau

C’était la priorité de la nouvelle équipe. L’ancienne était entrée dès le début de l’année 1947 en relation avec les Ponts et Chaussées pour relancer les travaux. Mais le nouveau conseil, lors de sa séance extraordinaire du 6 décembre 1947, énonce clairement quelle est l’urgence du projet : l’enjeu en est la sécurité des habitations, en cas d’incendie, l’hygiène des habitants et la salubrité publique.
 
Un deuxième emprunt de 3 millions est contracté à cet effet auprès du Crédit Foncier le 5 août 1948. Les travaux effectués entre l’automne 1948 et le printemps 1949 consistent principalement à compléter l’installation du réseau et les branchements des particuliers. Ils sontassez avancés en mai 1949 pour qu’on se préoccupe d’acheter un nouveau matériel de lutte contre l’incendie. En juin 1949, on traite avec la société Dégremont pour la stérilisation de l’eau à distribuer.
Mais il reste encore bien des travaux à accomplir en amont. On règle seulement le 1er décembre 1949 le coût des travaux de captage de l’eau d’ex-haure au fond de la mine : la société Bertolini, avec qui on a passé contrat le 18 juin 1949, a fait état d’un surcoût dû à la difficulté du percement des cou-ches de minerai de fer et aux dangers inhabituels de ce chantier.
La station d’épuration de l’eau n’est pas encore opérationnelle: le conseil demande le 18 février 1950 pour la réaliser l’attribution d’une subvention et doit se résoudre à voter le 10 juin suivant une imposition exceptionnelle, pour participation des habitants aux frais d’installation de l’eau. On peut enfin voter le 21 avril 1951 le prix des concessions d’eau. Mais tout n’est pas encore tout à fait terminé : on décide seulement en janvier 1952 de raccorder au système de distribution général l’école de filles et le presbytère, qui avaient leur propre alimentation. Il aura donc fallu au total douze ans pour faire aboutir complètement ce grand projet !

Le projet du nouveau groupe scolaire.

Sa nécessité est bien reconnue, mais les intentions du conseil munici-pal restent floues et trop ambitieuses. Il est question le 6 décembre 1947 d’un ensemble de bâtiments qui comprendrait une école de filles, une école de garçons, la mairie et les services annexes. C’est encore bien vague.
Le projet présenté le 2 février 1950, à l’occasion de l’achat du terrain nécessaire, paraît plus réaliste. On expose que le nombre des enfants scolari-sables atteint 167, alors qu’on ne dispose que de 120 places dans les 4 classes existantes. On n’envisage plus de créer que deux classes supplémentaires et deux logements pour le personnel enseignant. Il ne s’agirait en fait que d’une extension de l’école de garçons existante, puisque le terrain proposé est atte-nant à la mairie et à l’école. Cette perspective minimaliste ne soulève pas l’enthousiasme et le projet est ajourné.
Il rebondit favorablement lorsque le 12 octobre 1950 M Tournier propose la vente d’un vaste terrain de 50 ares, débouchant entre l’église et le lavoir municipal. La surface convient parfaitement. C’est pourquoi la délibéra-tion du 21 avril 1951 autorise le maire à acheter ce terrain. Il faudra attendre les années 1953-54 pour que la réalisation intervienne.

Les limites de la modernisation du village.

La réalisation du réseau d’alimentation en eau potable n’est qu’un des volets de la politique municipale d’amélioration de l’hygiène. Il faut assurer aussi l’enlèvement des ordures ménagères. Il reste dans ce domaine encore beaucoup de progrès à faire. Elles sont ramassées à l’aide d’une voiture et d’un cheval loué à un agriculteur, M Solny. Mais lorsque le conseil s’avise de faire payer aux habitants une taxe générale d’enlèvement des ordures, il doit faire machine arrière en septembre 1948 : à cause de leur isolement et des difficultés d’accès sur certains chemins, certaines habitations ne sont pas desservies !
Jean-Claude Bonnefont